La FHF Bretagne a organisé le 6 juin 2018 un séminaire pour les personnels des EHPAD sur la question des violences et les clés pour trouver des solutions assurant le bien être des personnels et des résidents.

En effet, le personnel est parfois confronté à des comportements d’agressivité par des résidents mais aussi les familles. Cette violence s’exprime physiquement, psychologiquement et/ou verbalement et crée un fort sentiment d’incompréhension chez le soignant, voire d’insécurité. Il altère de ce fait la qualité de la vie au travail, et a contrecoup, la qualité des soins.

Face à cette violence, les agents doivent ainsi acquérir la distance nécessaire à la gestion de leurs émotions et adapter leur comportement.

L’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) créé en 2005, placé au sein de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), recueille les signalements de violence contre les personnes et les biens, que les établissements de santé, sociaux et médico-sociaux lui font remonter. Il en analyse les diverses formes et expressions, les causes, et propose des pistes concrètes pour aider les établissements dans la prévention et la lutte des atteintes aux personnes et aux biens.

Il ressort du rapport annuel 2018 que les EHPAD/USLD constituent le troisième lieu de violences après la psychiatrie et les urgences (11 % du total). Les atteintes aux personnes sont à 59% des violences physiques et à 41% des violences verbales. Les personnels de santé sont les premiers intervenants face aux situations de violence (54%, puis les agents de sécurité 27% et les forces de l’ordre 7%).

Si la violence est souvent liée à des crises de démence, elle peut aussi être due au sentiment de rupture et d’instabilité créé par des changements d’habitudes de vie, déstabilisant ainsi les professionnels. Elle peut également se développer à divers moments de la journée et en particulier au moment de la toilette. A cet égard, le premier enjeu consiste à personnaliser l’accompagnement de la personne âgée lors de son entrée en établissement.

Au-delà, les établissements déploient auprès de leurs personnels des formations pratiques à la gestion de l’agressivité verbale et physique ainsi qu’à la communication.

Des formations sont proposées aux agents pour les sujets psychotiques (schizophrénie, personnalités paranoïaques…) avec l’apprentissage de la règle des trois « ne pas » :ne pas contredire, ne pas réorienter, ne pas parler sur un ton autoritaire.

Enfin, une formation sur l’intérêt et la façon de remplir une fiche d’événement indésirable est également profitable. C’est grâce à une analyse approfondie des causes des violences que des réponses plus adaptées peuvent être proposées avec un soutien conséquent (hiérarchique, médical/pyschologique, juridique). Ces signalements sont importants dans la mesure où ils expriment et révèlent une souffrance ponctuelle ou habituelle, une situation angoissante, une lassitude, et constituent bien souvent une sorte d’exutoire face à cette incompréhension de la violence, source parfois de démotivation, d’absentéisme et donc de désorganisation des services.

Pour conclure, il ne faut pas non plus oublier que la communication et l’image des EHPAD peuvent constituer des facteurs de violence. Aussi, il est important de travailler autour de l’image de l’établissement et de rejeter « l’EHPAD bashing » véhiculé par certains médias. L’environnement joue un rôle important sur le comportement des résidents. L’EHPAD a tout intérêt à communiquer sur son établissement comme étant un lieu de vie apaisant pour les personnes accueillies sans pour autant trop idéaliser ce lieu au risque d’être en décalage avec la réalité rencontrée par les personnes âgées et leurs familles.

Cette rencontre a fait l’objet d’un article paru dans la Revue Hospitalière de France (RHF)de mars/avril 2019.

 

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